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Montignies-sur-Roc

Que les quelque 550 valeureux Montagnards nous le pardonnent, mais la constatation s’impose : le nom de leur village n’est guère original. En effet, la toponymie relève plusieurs dizaines de bourgs ou de lieux-dits découlant en droite ligne du latin " mons, montis " désignant une importante élévation de terrain. Mais à l’évidence, ici, ce nom est bien porté !

Lorsque l’on quitte la Chaussée Brunehault pour gagner le centre du village, l’élévation de terrain s’impose immédiatement au visiteur !

Quant au " Roc " qui complète l’appellation du site, il est partout présent dans le sous sol et dans les … lieux-dits : ruelle du Plat Caillou, la Roquette, le Haut et le Bas des Rocs, le Roctiau !

Il ne faut pas oublier que nous sommes ici à deux pas de la Vallée du Marbre où rivières et ruisseaux abusent, depuis la nuit des temps, de leur pouvoir d’érosion.

Dans un village vieux d’une bonne dizaine de siècles, on se doute que le patrimoine local est aussi riche que diversifié. On retrouve, comme dans les autres sites de l’entité de Honnelles, les inévitables témoignages du passé religieux.

L’Eglise " Notre Dame " (cette appellation de la Vierge compléta le nom de Montignies jusqu’au XVIIIème siècle) et sa petite grotte artificielle, le Calvaire du XVIIIème siècle, la Chapelle du Rosaire (1856), le vieux cimetière et sa Chapelle Notre Dame de Cambrai (1589), sans doute implorée pour éviter de commettre des bêtises … dans une commune qui compta une cinquantaine d’estaminets au milieu du siècle dernier !

Justement, à propos de l’Eglise de Montignies-sur-Roc, l’autel de Montignies (Montenneio) fut donné en bénéfice au Chapitre de Cambrai par l’Evêque Liebert en 1057. Elle est dédiée à la Sainte Vierge Marie, la patronne du diocèse de Cambrai étant Notre-Dame de Grâce.

Comme la plupart des édifices religieux de notre région, elle a subi des destructions et de nombreuses restaurations.

Sur la plan ecclésiastique, Audregnies était desservi par le Curé de Montignies (la cense du chapitre de Cambrai se trouvait sur le territoire d’Audregnies, voilà sans doute une explication de la graphie " Montegny les Audregnies (1469) ".

Au bas de la nef, à droite se trouvent trois épitaphes des curés de Montignies-sur-Roc et Audregnies. Le monument le plus intéressant que renferme l’Eglise de Montignies-sur-Roc est celui qui fut élevé à la mémoire de Louis Wazier-Wavrin, seigneur de Montignies, avant la révolution française.

C’est une belle pierre en marbre noir, surmontée des armoiries en marbre blanc des familles de Wazier et de Rodoan.

De chaque côté du cœur, se trouvent, appendus, les obits des familles de Wazier-Wavrin, des marquis et comtesses de Belleville et de la famille de la Motte Baraffe.

Le vieux cimetière entourait l’Eglise, il fut désaffecté en 1881 et aménagé en site religieux, la grotte Notre-Dame de Lourdes (1947) et la grande Croix de béton (1949), sont venues compléter ce lieu de recueillement.

Mais d’autres monuments méritent l’attention des promeneurs : le château de la Motte Baraffe. Ce n’est qu’au XVIème siècle, vers 1530 que l’on retrouve les traces d’un personnage nommé Baudry, seigneur de Roisin et de Montignies-sur-Roc, qui fut vraisemblablement le bâtisseur du premier château-fort.

Il s’agit de Baudry XVIII baron de Roisin, seigneur d’Angre, de Meaurain, de la Flamengrie, de Melen, d’Onnezies et de Montignies-sur-Roc (depuis 1530/34) – Décéda avant 1544 – Epousa en 1514, Madeleine de Montmorency qui fut marraine de la grosse cloche d’Onnezies en 1539, cloche refondue en 1884.

La Maison de Roisin passa à la Maison de Tramerie. François de la Tramerie vend la seigneurie de Montignies-sur-Roc en 1611 et décède en 1612. Ce domaine fut acquis par la Maison Mainsent qui s’y maintiendra jusqu’en 1685, année où le domaine passe à Louis-Charles de Wazier-Wavrin qui livre à la démolition le vieux château ; depuis lors il ne fut plus jamais vendu.

La fille aînée de Charles—Louis et de Claire-Louise de Rodoan, Alexandrine, s’unit en 1791 à Ernest, comte de Chastel de la Howardries. De ce mariage naquit une fille Virginie qui s’allia, en 1811, à Denis de la Motte Baraffe de Bourquembray.

Depuis lors, la seigneurie de Montignies-sur-Roc est toujours restée propriété de cette très ancienne famille originaire de l’Artois.

Le château fut aménagé en " folie " à l’initiative d’Alexandrine, mais Virginie est responsable de la sobriété de la décoration intérieure.

Alain, baron de la Motte Baraffe, repris le domaine au décès de son oncle Robert et est l’actuel propriétaire du château de Montignies-sur-Roc.

Citons encore à propos du patrimoine " Montagnard " quelques remarquables demeures aux alentours de la verdoyante Place Fulgence Masson, le Ministre de la Justice. A propos de cet homme, disons simplement qu’il était particulièrement amoureux de Montignies-sur-Roc. Il finança d’ailleurs de ses propres deniers de nombreuses plantations d’arbres dans l’entité. de même, à la chaussée Brunehault, une double haie de cerisiers du Japon qui sont une merveille au printemps. On lui doit aussi les splendides arbres de la Roquette à Onnezies et sur la Grand Place.
 

Place Masson

Il reste encore d’autres particularités montagnardes, parfois méconnues, souvent négligées. Nous voulons parler des vieux escaliers qui relient deux endroits distincts, la bas et le haut du village. Les uns, dégradés, montent de la Roquette vers la rue Goutrielle. Les autres, glissants et mal entretenus, descendent du Haut vers le Bas des Rocs.

A fortiori, quand on connaît la beauté du petit hameau montagnard niché dans ce qu’on appelait, jadis " les pâtures d’en-bas ". Là, l’ancien moulin à eau de la famille Gilmant (érigé en 1758) dort le long de la rivière qu’il domestiqua jusqu’en 1972. Plus loin, une ultime marbrerie perpétue une tradition séculaire.

Enfin, nous ne pouvons clôturer cette analyse quelque peu synoptique de notre charmant village de Montignies-sur-Roc, sans évoquer le nom de la Comtesse de Belleville, famille française s’étant impliqué dans la Résistance.

Jeanne de Belleville est née à Bruxelles le premier janvier 1867. Trente ans plus tard, la famille vint s’installer à Montignies-sur-Roc, tout en conservant d’étroits liens avec la France.

Elle acheta cependant le " château " qu’elle louait à des amis en septembre 1911. En août 1914, lors de l’invasion allemande, des batailles de Mons et d’Audregnies, Jeanne de Belleville s’occupa des blessés à l’hôpital militaire installé à Audregnies chez les Bernardines.

Elle y soigna 180 blessés anglais jusqu’en novembre 1914.

Mais, cette bataille de Mons, perdue par les Anglais et qui permit la victoire de la Marne, avait laissé par mal d’Anglais derrière les lignes.

Risquant d’être fait prisonnier par les Allemands, ils étaient cachés par de nombreux civils.En conséquence, il fallait créer un réseau d’évasion qui allait les remonter vers la France et de la Belgique pour leur faire passer la frontière hollandaise.

A Bruxelles, Jeanne de Belleville entra en contact avec l’abbé Aubert de Longueville. Comme elle habitait à deux pas de la frontière française, elle se proposa d’établir une filière en relation avec le château du Prince Réginald de Croy à Bellignies, en France.

Les passages commencèrent au péril de ceux qui les risquaient. Il fallait notamment traverser une vaste zone garnie de barbelés et surveillée par les Allemands. Bien sûr, les soldats anglais désireux de retrouver leur pays étaient munis de faux papiers.

Ce manège dura jusqu’en août 1915. Jeanne de Belleville fut arrêtée non loin de son domicile de Montignies-sur-Roc par les Allemands.

Après une perquisition qui ne donna rien, ils lui expliquèrent qu’ils voulaient la conduire à Bruxelles et qu’elle devait se munir de quelques effets.
 

Jeanne de Belleville

En fait, Jeanne de Belleville était bien prisonnière et subit de " vigoureux " interrogatoires. Le 7 octobre, elle était condamnée à mort avec d’autres membres du réseau de Miss Cavell : Edith Cavell, bien sûr, mais aussi Louise Theulliez, Philippe Baucq et Séverin.

Edith Cavell et Philippe Baucq furent exécutés le 12 octobre. Suite aux interventions scandalisées de l’Espagne, du Vatican et des USA, l’Allemagne consentit à commuer les peines de mort de Jeanne de Belleville, de Louis Theulliez et de Séverin en travaux forcés à perpétuité. Ils furent immédiatement transférés de Bruxelles au camp de Sieburg près de Bonn. Ce sont les révolutionnaires allemands qui les libérèrent le 08 novembre 1918.

A la fin de la guerre, Jeanne de Belleville reçut de nombreuses distinctions honorifiques belges, mais aussi françaises (la Légion d’Honneur) et britannique. Elle mourut à Compiègne, le 09 janvier 1953 à l’âge de 86 ans.

Voilà pourquoi une rue de Montignies-sur-Roc porte le nom de Comtesse de Belleville …

Enfin, ne quittez pas Montignies-sur-Roc sans emprunter la rustique ruelle du Plat Caillou et la très vieille rue du Coron grimpant vers Brunehault, la gallo-romaine où s’activent les artisans des " plaisirs de bouche " (brasserie, confiserie et produits fermiers).

Montignies ? Un nom banal, pareil à des dizaines d’autres. Mais celle qu’on appela très tôt la " perle du Haut-Pays " recèle des trésors d’originalité. Tous méritent assurément d’être mieux protégés. Et donc plus soigneusement conservés ! Et enfin, plus justement appréciés !
 

Montignies-sur-Roc